HS ASH DOMICILE

DOMICILE

► Comment rendre le secteur plus attractif ?

 A la recherche de la reconnaissance perdue

LE DÉBUT D'UNE AVENTURE.

De petites équipes autonomes indépendantes. Une nouvelle organisation. Des professionnels et des usagers heureux. Le tout opéré d’un coup de baguette magique. Évidemment, la réalité est bien plus nuancée. Si le secteur du domicile reste à bout de souffle, des tentatives de réanimation se multiplient aux quatre coins de l’Hexagone. Entreprise libérée, Buurtzorg, lean management, organisations collaboratives, autant de possibilités, mais toujours un point commun : la volonté d’innover. Face à une réponse des pouvoirs publics qui se laisse encore désirer, certains ont décidé de prendre leur avenir en main (P. 4-5). Et d’interroger, simplement, leurs salariés pour connaître leurs besoins et leurs attentes. Le début de l’aventure pour certains, une révolution des pratiques pour d’autres. Le pari de la responsabilité individuelle comme levier de reconnaissance professionnelle (P. 10-11). Le grand chambardement (P. 12) ne se fait toutefois pas d’un claquement de doigts. La preuve, certains ont tenté l’aventure il y a une dizaine d’années, seuls, mais ont vite abandonné face à l’ampleur de la tâche (P. 13). Cet échec démontre la nécessité d’être préparé, accompagné et surtout de mobiliser l’ensemble des équipes. La co-construction, la formation et le respect des rythmes de chacun font partie des ingrédients indispensables à la réussite de la transformation (P. 16-17). Avec un coach, un service de ressources humaines, avec l’appui d’une collectivité ou celui des acteurs locaux, notamment. Les soutiens sont multiples selon les régions et leurs spécificités.

DE LA HIERARCHIE A LA COLLABORATION.

« Nous n’avons rien inventé » martèlent certains pionniers. Et le retour aux fondamentaux semble s’imposer, dans un secteur qui a pâti de l’informatisation et des procédures normées. Les aides à domicile ont été progressivement dépossédées de leur autonomie, qu’elles retrouvent désormais (P. 22). À différents degrés : gestion en petite équipe des emplois du temps, des remplacements, de la construction du projet de vie de chaque personne accompagnée (P. 20-21). Tandis que d’autres décident de franchir un nouveau cap en actant la participation aux recrutements ou à la gestion financière. Cette transformation managériale et organisationnelle se fait à la carte. La hiérarchie a laissé la place à la collaboration (P. 32-33). Dans ce grand mouvement, les équipes de terrain semblent retrouver du sens et sont force de proposition. Face à un épuisement professionnel indéniable, les équipes autonomes sont un moyen vers un autre accompagnement, où le bien-être au travail et le Care sont recherchés. Encore faut-il que les formations, les réunions d’équipe et les échanges soient institutionnalisés, à défaut de bénéficier de financements.

PLUSIEURS DEFIS RESTENT A RELEVER.

La situation demeure aujourd’hui fragile avec une dynamique insuffisante et une culture de l’hospitalisation. Trop souvent prégnante au détriment de la prévention (P. 36-37). Cependant, les équipes autonomes n’ont pas fait disparaître les conditions dégradées d’exercice, quand bien même les pionniers mettraient en avant une baisse de l’absentéisme et du turnover : un argument à réfléchir sans doute pour fidéliser les équipes. Cette nouvelle organisation a le mérite de nourrir les réflexions des professionnels qui pensent développement personnel et plan de carrière. Mais en gardant à l’esprit qu’à défaut, cette alternative puisse s’imposer : rejoindre la logique d’une orientation vers des établissements médico-sociaux de type Ehpad. Autre challenge : éviter tout effet de mode en trouvant des solutions pérennes pour limiter les freins en matière de sécurisation juridique notamment (P. 40-41). L’enjeu pourrait s’imposer d’institutionnaliser la liberté organisationnelle, de poursuivre la révolution des pratiques pour que l’accompagnement privilégie le savoir-être, l’intelligence situationnelle et l’intuition émotionnelle (P. 30-31). Autant de défis à relever pour que salariés et dirigeants reprennent (enfin) leur souffle.

  • Sommaire

ÉTAT DES LIEUX

  • Aider les autres : un métier ?, Laurence Hardy, sociologue et anthropologue (P.4-5)
  • Un outil essentiel, la confiance, Philippe Giafféri, conférencier (P.6-7)
  • La loi et l'aide, Etienne Bataille et Muriel Cormorant, avocats (P.8-9)
  • Un investissement pour l'avenir, Franck Guichet, sociologue EmiCité (P.10-11)

SUR LE TERRAIN

  • Un grand chambardement, Antoine Blondel, leader d'Autonhome (P.12)
  • Oser l'innovation, Audrey Diemert, directrice association 2APA (P.13)
  • Le choix de la différence, Isabelle Jouval, auxiliaire de vie et Christine Castagne, coordinatrice de parcours Amicial (P.14-15)
  • Autonomie, coût et soutien, pour l'avenir, Marie Delorme, responsable accompagnement Compani (P.16-17)
  • Transformation à la carte en Nouvelle Aquitaine, Clotilde Berghe, responsable du pôle valorisation des métiers et formation, Gérontopôle Nouvelle-Aquitaine (P.18)
  • Encourager les innovations managériales, Amélie Gillette, responsable développement RH UNA, et Marc Dupont, vice-président UNA (P.19)
  • Expérimenter, l'exercice de l'équilibre, Audrey Lemoine, chargée de mission RH à l'UN ADMR (P.20-21)
  • Revenir aux fondamentaux, Octavie Gorlier, directrice ADMR Nord, (P.22)
  • C'était mieux avant, Véronique Tapia, assistante de soins en gérontologie et formatrice (P.23)
  • L'épuisement professionnel, Sylvie Guillemot, auxiliaire de vie (P.24)
  • Le travail en collaboration, Stella Choque, formatrice et cadre de santé (P.25)
  • La prévention comme levier de fidélisation, Delphine Jegou, cogérante et Morgane Schott, référence prévention Majordome Services (P.26-27)
  • D'attentions et d'intentions, Marcel Nuss, formateur et usager (P.28-29)

 

MISE EN PERSPECTIVE

  • Les émotions comme compétences, Cyril Desjeux, directrice scientifique Handéo et sociologue (P.30-31)
  • Prendre soin les uns des autresCaroline Lenoir, directrice des services Aid'Aisne (P.32-33)
  • Tentative de réforme pour secteur en crise, Lucie Chevalier, doctorante en sociologie (P.34-35)
  • L'arbre qui cache la forêt, Arnold Fauquette, fondateur de Vivat (P.36-37)
  • A l'écoute des soignants qui écoutent, Elodie Bertrand, psychologue en Ssiad (P.38-39)
  • Ensemble, transformons l'essai, Julie Gauthier, directrice générale Amicial (P.40-41)
Hors-série ASH N° 21 - Septembre 2022 - 44 pages
11,50
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