HS ASH Domicile

LA PLACE DES HOMMES

► Une question de compétences et non de sexe

DIFFICILE DE SE DÉBARRASSER DES PRÉJUGÉS « GENRÉS » et impossible d’inverser la tendance. Le secteur des services à la personne en est la preuve. Passer un coup de balai, préparer à manger ou encore réaliser une toilette. Une majorité de Français croit encore que ce n’est pas vraiment un métier. La crise sanitaire n’aura malheureusement pas changé cette vision négative et tellement éloignée de la réalité des auxiliaires de vie et autres aides à domicile. Les professionnels du domicile sont restés les grands oubliés de cet hommage collectif. Et pourtant, sans masque au début et avec peu de considération, ces femmes ont continué leurs missions auprès des personnes vulnérables. Ces femmes ? Oui, car sur le terrain, les hommes sont les grands absents du domicile. Les rares représentants de la gent masculine gèrent plutôt la livraison des repas ou des missions de bricolage et de jardinage.

CHOISIR ET NE PLUS SUBIR UN MÉTIER. Comment le secteur du domicile qui peine tant à recruter peut-il encore se passer de la moitié de la population active sur des postes impliquant du travail tardif ou des ports de charges ? Image réductrice et négative du métier, salaire bas, horaires décalés et étalés… Il va falloir trouver de (solides) arguments pour attirer des hommes et rendre concurrentiels les métiers de l’accompagnement à domicile. L’évolution des mentalités de la société n’est pas seulement en cause ; la mixité ne se décrète pas. Il faut s’intéresser aux éventuels candidats et les séduire. Quelques hommes engagés sont devenus auxiliaires de vie, par conviction, en suivant une formation initiale ou optant pour une reconversion. Ils sont là pour aider, accompagner et ils en sont fiers… quand de nombreuses femmes subissent cette profession, faute d’autres solutions. Bien souvent, ils évoluent plus vite, en se positionnant sur des postes de chefs de secteur ou en devenant formateurs, contrairement aux femmes qui déclinent encore les propositions de progression de carrière…

À QUAND LA RECONNAISSANCE DES COMPÉTENCES ? Pendant longtemps, la société s’interrogeait sur le rôle et la place des hommes dans les soins du care (surtout à domicile). Les mentalités évoluent : il n’est plus rare qu’un service à domicile compte parmi ses effectifs un (seul) homme. Pour éviter toute difficulté dans leur intervention, l’enjeu n’est pas de mettre en avant le sexe du professionnel mais plutôt ses compétences. Certains l’ont compris et l’ont expérimenté avec succès. Des associations ont franchi le pas en choisissant comme ambassadeur un homme dans leur campagne de communication nationale ou en leur donnant la parole lors de formations plus locales. Clef d’un cercle vertueux ? Valoriser les auxiliaires de vie, hommes ou femmes, les mettre dans la lumière pour qu’ils ressentent la fierté d’exercer et se sentent enfin reconnus comme des professionnels essentiels au maintien à domicile des Français, qui refusent dans leur immense majorité toute institutionnalisation.

  • Sommaire

ÉTAT DES LIEUX

  • Un possible dépassement, par Philippe Giafferi, conférencier, ancien directeur service d’aide à la personne et ancien formateur
  • L’accompagnement social sous le prisme du genre, par Laurence Hardy, sociologue et anthropologue
  • Genre, subalternité et démocratie, par Frédérique Debout-Cosme, psychologue clinicienne et maître de conférences en psychopathologie et psychodynamique du travail, Conservatoire national des arts et métiers
  • Le concept de mixité appliqué aux métiers du care, par Clémence Ledoux, maître de Conférences en science politique, Université de Nantes
  • Portrait d’entrepreneur(e)s, par Guy Loudière, secrétaire général Fédésap (Fédération française de services à la personne et de proximité)
  • Que dit la loi ?, par Régis Granet, directeur juridique et qualité Fédésap (Fédération française de services à la personne et de proximité)

SUR LE TERRAIN

  • Plaidoyer pour les hommes, par David Valmont, ancien auxiliaire de vie et responsable de secteur
  • Hommes et femmes engagés dans les mêmes missions, par Albane Colange, Alenvi
  • Les mentalités commencent à changer, par Bernard Constantin, auxiliaire de vie sociale Senior Compagnie
  • Paroles d’hommes, rencontres avec des formateurs, professionnels en devenir ou aides à domicile expérimentés
  • Chacun a sa place ?, par Sylvie Guillemot, auxiliaire de vie et présidente APMD (Association pour les professionnels du maintien à domicile)
  • Le chouchou de ces dames, par Florence Braud, monitrice-éducatrice et aide-soignante
  • Mesdames, vous n’avez pas le monopole du care, par Arnold Fauquette, gérant de Vivat

MISE EN PERSPECTIVE

  • Les hommes manquent à l’appel, par Patricia Dalençon, formatrice référente des Aides à domicile chez Brigitte Croff Conseil et Associés
  • Aptitudes & compétences pour contrer les recrutements genrés, par Aurélie Blanchard, conseillère emploi-formation et Sophie Cristofari, déléguée régionale, OPCO Cohésion sociale-Uniformation Occitanie
  • Refuser, c’est affirmer son existence, par Monique Carlotti, formatrice-consultante et ex-dirigeante SAAD
  • D’une affaire de femmes à l’affaire de tous ?, par Frédérique Lucet, psychologue clinicienne et formatrice sur les questions d’éthique du soin, de care et d’aidance ; secrétaire générale de Baluchon France et responsable adjointe du portage politique du Collectif Je t’Aide
  • L’homme dans le médico-social, par Marcel Nuss, formateur et écrivain
  • Des candidatures masculines encore trop rares, par Anne Sophie de Poulpiquet, Responsable recrutement et GPEC, Union nationale ADMR
Hors-série ASH N° 06 - Juin 2021 - 44 pages
11,25
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