HS ASH Alzheimer
LES INTERVENTIONS PSYCHOSOCIALES
► Un autre accompagnement possible
Interventions psychosociales : vers la généralisation…
MÉDECINES ALTERNATIVES, interventions non médicamenteuses ou interventions psychosociales (IPSE) ? Le débat lexical perdure, signe du chemin à parcourir pour que médecins, psychologues, soignants, thérapeutes, intervenants, financeurs parlent le même langage ; celui de l’accompagnement des personnes atteintes de maladies neurodégénératives et privées de traitements curatifs. Alors que leur dénomination suscite parfois le débat en France, les IPSE sont reconnues au niveau international, et se sont progressivement développées. Derrière ces mots se cachent, selon l’association américaine de psychiatrie, des objectifs précis autour de l’amélioration de la qualité de vie, du fonctionnement psychologique et social des personnes aidées, le tout en s’appuyant sur leurs capacités restantes et leur pouvoir d’agir. Pas à pas, les soignants ont changé leurs pratiques. Pendant longtemps, face aux symptômes liés à la démence, la seule réponse de soin passait systématiquement par les médicaments. C’est parfois encore le cas. Or, une autre philosophie se dessine avec une volonté d’accompagner et non de guérir. Cette approche aborde les maladies neurodégénératives sous un autre angle. Décider, choisir, s’exprimer sont encore possibles, même à un stade sévère, à condition que l’entourage, familial et professionnel, soit à l’écoute des besoins et que l’environnement architectural soit un support incontournable de l’accompagnement.
UNE OFFRE DIVERSIFIÉE… En 2008, la Haute Autorité de santé consacrait une première série de recommandations pour l’utilisation des interventions psychosociales. Treize ans après, les expérimentations et évaluations en France et à l’étranger n’ont eu de cesse de se développer : art-thérapie, repas thérapeutiques, réminiscence, Snoezelen… Sur le terrain, rien ne doit être laissé au hasard : soignants et intervenants formés, indications de traitement, profils des bénéficiaires, constitution des groupes, observation, adaptation et évaluation. L’accompagnement personnalisé reste une condition sine qua non de leur réussite, que ce soit en institution ou à domicile.
UN FINANCEMENT À INVENTER. Comment les interventions psychosociales peuvent-elles se généraliser et s’affranchir des disparités territoriales pour se démocratiser ? Un nouveau modèle économique devra s’imposer pour favoriser leur déploiement, que ce soit en milieu urbain ou rural. Des réponses réglementaires doivent être apportées pour une prescription facilitée et un remboursement assuré. En 2018, suite à sa décision de dérembourser les médicaments « anti-Alzheimer », Agnès Buzyn avait promis qu’aucune économie ne serait réalisée « sur le dos des malades ». Qu’en est-il ? Quel fléchage pour ces millions ? À travers ces interventions, un nouveau modèle doit se généraliser pour que les personnes malades et leurs aidants retrouvent leur statut dans la société. Et que les soignants soient réhabilités dans leur rôle d’accompagnants.
- Sommaire
ÉTAT DES LIEUX
- Réhabiliter le lien social, par Laurence Hardy, sociologue anthropologue
- Quand l’intervention psychosociale devient thérapeutique, par Hervé Platel, professeur de neuropsychologie, université de Caen Normandie, responsable de l’équipe « Maladies associées au vieillissement », UMRS Inserm U1077
- Une alternative au déremboursement des traitements, par Jean-Bernard Mabire, psychologue, Alain Bérard, médecin, et Jean-Pierre Aquino, gériatre, Fondation Médéric Alzheimer
- L’évaluation des interventions non médicamenteuses (INM), par Professeur Grégory Ninot, PhDs, UA11 Inserm, UM Institut Desbrest d’Épidémiologie et de Santé Publique, Institut du Cancer de Montpellier, Plateforme CEPS, FRE 2035 CNRS-UPVM-UM, MSH-Sud
SUR LE TERRAIN
- Le défi : convaincre les autorités de tarification, par Sylvie Bousselet, directrice Ehpad d’Argonne
- Temps partagés & tant partagé, par Marine Charabas, psychologue en Ehpad
- La mobilité : clé du maintien à domicile, par Anne Rouzé, responsable de formation SCIC IFAD, directrice Conpart Occitanie et Nora Zanzan, assistante de projet Gard’ et Autonomie
- Une béquille visuelle pour s’orienter chez soi, par Samya Cidère, psychologue et fondatrice de la solution Pictome
- Privilégier les aides techniques environnementales, par Olivier Marouse, ergothérapeute
- Le concept de « Clinique positive », par Stéfane Hédont-Hartmann, directeur des soins et hygiène Groupe Korian
- Le repas de tous les partages, par Salomé Tonna, psychologue en Ehpad
- Hymne à la mémoire, par Pilar Garcia, musicothérapeute et chanteuse
- L’atelier d’art-thérapie : espace de « re-connaissance » et de « re-construction, par Isabelle Chevallier-Marchal, art-thérapeute
- Aromathérapie et syndrome crépusculaire, par Richard Mesplède, animateur en Ehpad
- Le cinéma : moteur de la mémoire et des émotions, par Maribel Pino et Benoît Charlieux, chercheurs en psychologie, Broca Living Lab, Hôpital Broca, université de Paris
- Engagement individuel, bien-être collectif, par Véronique Tapia, assistante de soins en gérontologie
- Le baluchonnage : une véritable intervention psychosociale, par Frédérique Lucet, psychologue, formatrice et secrétaire générale de Baluchon France
MISE EN PERSPECTIVE
- Au cœur du soin, la relation, par Judith Mollard, experte psychologue
- Questionnement éthique, par Florence Martin, infirmière, et Aline Corvol, gériatre CHU Rennes
- Accompagner la relation d’aide en Ehpad, par Florence Dumas, psychologue en Ehpad
- Domicile : entre tensions et épuisement psychique, par Cécile Bacchini, psychologue
- La thérapie personnalisée, par Thierry Bautrant, médecin psychiatre spécialisé en géronto-psychiatrie et directeur d’Ehpad
- La sociothérapie ou l’art de laisser le choix, par Professeur Louis Ploton, psychiatre
- Ehpad : un terrain d’expertise des approches non médicamenteuses, par Laure Jouatel, médecin référent groupe LNA santé, pilote démarche SENS, médecin coordonnateur
- Correspondance écopsychosociale des États-Unis, par John Zeisel, fondateur de « The Hearthsone Institute » (article traduit de l’anglais par Kevin Charras)
- Privilégier les besoins et non les moyens, par Kevin Charras, directeur Living Lab Vieillissement et Vulnérabilités, service de gériatrie, CHU de Rennes