HS ASH Alzheimer

TROUBLES DU COMPORTEMENT OU DE LA RÉACTION

► Anticiper et mieux accompagner

S’interroger et décrypter

VAINCRE L’INCOMPRÉHENSION. Marcher sans pouvoir s’arrêter, crier, s’opposer. Autant de comportements qui déroutent les aidants familiaux mais aussi les professionnels. D’autres troubles comme l’apathie, le retrait sur soi ou la dépression passent généralement plus inaperçus. À tort. Toutes ces attitudes qui interpellent, interrogent, mettent mal à l’aise, fatiguent, doivent être décryptées pour être mieux comprises, sachant que les comportements dits « troublés » perturbent les actes de la vie quotidienne.
Chaque accompagnement peut vite devenir un véritable cauchemar. Demander à une personne de sortir de son lit ou d’aller sous la douche quand elle hurle et se débat, lui présenter son repas quand sa bouche reste désespérément fermée…
Comment accompagner dans ces conditions sans perdre son sang-froid ? Comment apporter un mieux-être ?

DOMICILE, ÉTABLISSEMENTS : TOUS CONCERNÉS. Et si les troubles du comportement étaient une réponse face à un inconfort ? Une façon de s’exprimer ? La communication reste alors le dernier rempart. Mais comment échanger quand la personne malade n’a plus les mots ? Quand elle ne comprend plus le sens des phrases ? L’intonation, le regard, la mémoire émotionnelle ; autant d’outils qui peuvent être utilisés pour continuer d’échanger, de se comprendre.
Pendant longtemps, la seule réponse fut médicamenteuse pour retrouver un semblant d’apaisement (du côté des aidants), mais pas des aidés contraints. Les pratiques ont heureusement évolué avec la volonté d’anticiper les troubles et surtout d’apporter des réponses personnalisées. En établissements où les équipes pluridisciplinaires sont opérationnelles, des formations et des outils sont mis à disposition : chariot d’activités, accompagnement ciblé, présence de la psychologue ou d’un collègue qui peuvent venir prêter main-forte… À la maison, le contexte est bien différent avec des aides à domicile rarement formés et qui passent d’une habitation à l’autre.
L’enjeu est alors de repérer un trouble du comportement quand la personne aidée ignore sa pathologie et que les aidants se voilent la face. Si différents savoir-être se sont développés en établissements autour de l’Humanitude, Carpe Diem, la Validation de Noémie Feil… c’est encore rarement le cas à domicile. Et pourtant, l’enjeu est bien de favoriser une meilleure inclusion et de retarder l’institutionnalisation. Ainsi, l’entourage ne doit pas être le seul informé, le voisinage et les autorités locales ont aussi leur rôle à jouer pour que la personne reste le plus longtemps chez elle, en toute sécurité.

RETOUR D’EXPÉRIENCES. En Allemagne, le choix s’est porté sur l’accompagnement social, quand les Pays-Bas ont privilégié l’habitat partagé. En France, des expérimentations se sont développées au cours des dernières années, que ce soit Ama Diem en Savoie ou encore le Village Landais Alzheimer dans le Sud-Ouest.
Mais ailleurs ? Le risque n’est-il pas de créer des inégalités ? L’État ne doit-il pas garantir cette égalité de traitement ? Au Québec, Nicole Poirier, la fondatrice de Carpe Diem milite pour une responsabilité des soignants à s’interroger : essayer de comprendre le comportement dit « troublé » et de ne pas se réfugier derrière la formule tellement simpliste : « C’est à cause de la maladie d’Alzheimer ! ».
Un processus d’analyse doit être initié, même s’il n’aboutit pas dans tous les cas. Les soignants doivent l’accepter, la solution miracle n’existe pas.

  • Sommaire

ÉTAT DES LIEUX

  • De la détection à la prise en compte, par Dr Thérèse Rivasseau Jonveaux, CMRR de Lorraine Service de Neurologie CHRU Nancy
  • Une réelle limite à l'accompagnement ?, par Jean-Bernard Mabire, psychologue – Alain Bérard, médecin et Jean-Pierre Aquino, gériatre – Fondation Médéric Alzheimer
  • Ces comportements qui nous troublent, par Judith Mollard, psychologue
  • Le choix des mots, par Philippe Giafferi, anicen formateur, écrivain et conférencier
  • Contention et liberté d'aller et venir, par Étienne Bataille et Muriel Cormorant, avocats

SUR LE TERRAIN

  • La cohabitation en jeu, par Malala Ramanandraibe, médecin gériatre ; Charline Nonat, psychologue ; Fanny Labat, cadre de santé ; Abéline Moreau, directrice de la filière gériatrique CH Troyes
  • L'expertise de terrain insuffisante des aides-soignants, par Gabriel Malerba, médecin gériatre, conseil du pôle senior du CCAS de la ville de Nancy, coordonnateur en Ehpad, président de l’Association des médecins coordonnateurs de Lorraine et Helga Mpassi, infirmière coordonnatrice d’Ehpad à Nancy
  • Activités thérapeutiques : une option à ne pas négliger, par Richard Mesplède, animateur en Ehpad
  • Charrier le plein d'idées, par Nathalie Benarroch-Queral, psychologue gérontologue
  • Apathie : explorations d'un accompagnement en musique, par Amandine Bidault, ergothérapeute, unité cognitivo-comportementale/CHU de Rennes et Kevin Charras, directeur Living Lab Veillissement et vulnérabilité/CHU Rennes
  • L'environnement sonore et relationnel, par Salomé Tonna, psychologue
  • L'Humanitude ou l'humain avant les troubles, par Marine Charabas, psychologue en Ehpad
  • Outiller le professionnel du domicile, par Axelle Bijou, gérante AD Seniors Mérignac
  • Les défis à relever au domicile, par Magali Amrani, directrice Au Pays des Vermeilles
  • L'environnement intérieur et humain comme variable d'ajustement, par Cévenne Teychine et Olivier Marouse, ergothérapeutes équipe spécialisée Alzheimer Filieris d’Audun-le-Roman
  • Mobiliser le réseau local, par Marie Etienne, pilote plateforme de répit et d’accompagnement

MISE EN PERSPECTIVE

  • Interventions non médicamenteuses : quels en sont les effets ?, par Jean-Bernard Mabire, psychologue – Alain Bérard, médecin et Jean-Pierre Aquino, gériatre – Fondation Médéric Alzheimer
  • Approche psychodynamique, par Louis Ploton, psychiatre, professeur émérite de gérontologie
  • La mémoire émotionnelle, une réponse apaisante ?, par Stella Choque, cadre de santé formatrice IRFA Evolution
  • Voir avec mon cœur pour mieux entendre le cri du sien, par Charline Robert, psychologue
  • Communiquer malgré tout, par Thierry Rousseau, orthophoniste, docteur en psychologie, HDR, directeur de recherche Lurco ERU 17, chercheur associé au sein de l’équipe émergente BePsyLab du pôle lettre langues sciences humaines et sociales de l’université d’Angers
  • Quelles solutions chez nos voisins européens ?, par Stéfane Hédont Hartmann, soins et hygiène - direction médicale Korian
  • Considérer le comportement sans oublier le contexte, par Nicole Poirier, fondatrice et directrice de Carpe Diem, et Martine Lecœur, psychologue
Hors-série ASH n° 11 - Novembre 2021 - 44 pages
11,25
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